Après un parcours scolaire un peu difficile, Mickaël a décidé de se lancer dans une formation agent de sécurité. Pour ses lieux de formation et de travail, il n’y a pas à dire, il aurait pu mal tombé mais non, c’est d’abord au château de Fontainebleau qu’il a atterri pour finir à ce magnifique bâtiment qu’est le Palais Brogniart, anciennement la Bourse de Paris. Ce qui lui plaît en travaillant ici, c’est l’ambiance qui existe avec les collègues mais surtout l’histoire du lieu «en fait ce que j’aime c’est tout ce qui touche à Napoléon. J’ai fait des recherches quand j’ai su que j’allais être muter ici et quand j’ai vu que c’était Napoléon qui l’avait construit, ça m’a plu. J’ai appris à connaître les salles avec mes supérieurs, ils m’ont raconté une petite partie du palais et je me suis enrichi ensuite en lisant les descriptions dans les salles». En parcourant le palais, des vestiges de cet ancien temps subsiste comme l’espace Corbeille, qui est une reconstitution des cotations à la criée comprenant le tableau noir des cotations, une cloche, des boxs et la célèbre corbeille au centre, cendrier géant rempli de sable d’un mètre de hauteur. Aujourd’hui, le Palais sert surtout à des évènements mais il accueille aussi l’école en informatique de Xavier Niel dans les étages supérieurs.
La plupart du temps, c’est assez calme mais parfois on peut assister à des scènes assez dramatiques comme des tentatives de suicide pour la symbolique du lieu comme repère du capitalisme. A part cela, les autres urgences à gérer c’est des chevilles cassées ou des malaises auxquels les agents sont formés pour intervenir rapidement en attendant les secours. C’est le genre d’incidents qui arrivent principalement lorsque des soirées sont organisées et que le bar est un peu trop généreux avec ses invités… C’est un poste qui implique au final beaucoup de responsabilités et Mickaël en a bien conscience, en cas de gros problème, c’est la prison qu’il risque «à la moindre bavure c’est la prison, c’est juste pour dire l’importance de notre métier. Si on ne voit pas quelqu’un, c’est de notre faute et s’il détériore quelque part c’est aussi de notre faute. On doit vraiment voir tout ce qu’il se passe». Si ça «bip», même si la plupart du temps ce sont des fausses alertes (un pigeon, un phare de voiture,…), pas question de ne pas regarder.
Mickaël habite à Melun avec ses parents, finalement il ne vient à Paris que pour le travail et quelques virées shopping sur les champs Elysées ou à Châtelet. Il connaît assez mal la ville mais ne semble pas vouloir en connaître d’avantage, pour lui, il y a les quartiers chics qu’il apprécie et les «bidonvilles» comme le quartier de Belleville… Habiter sur Paris, ça ne lui vient même pas à l’esprit ; y travailler, c’est amplement suffisant pour lui. Entre autre, ce qu’il a en horreur, c’est de prendre les transports en commun en heure de pointe ; il préfère partir deux heures en avance pour éviter l’affluence que de se retrouver dans un train bondé. Heureusement pour lui, son travail avec ses horaires décalés, lui permet la plupart du temps de les éviter, mais malheureusement il ne peut pas échapper aux grèves.
De toute façon, pour lui sa vie à Paris (enfin Melun), c’est du temporaire. Il rêve de descendre dans le Sud du côté de Perpignan, là où il y a du soleil, la mer et où les gens sont aimables, à comprendre pas comme les parisiens «tout ce qui est alentour de Perpignan, c’est magnifique, c’est la tranquillité, le respect des gens, ici on te bouscule, on ne te dit même pas pardon!». Tout ça, c’est pour bientôt assurément, dès qu’il aura mis suffisamment d’argent de côté, histoire d’avoir un bon apport pour acheter un appartement et s’installer définitivement là-bas.
En attendant, la vie près de Paris ne lui déplaît pas non plus, il a surtout envie de se faire une bonne expérience professionnelle d’abord et puis le hic, c’est que Mickaël est un peu dépensier, notamment pour sa passion qui est la pêche. Sa première canne, il a tenu à l’âge de deux ans et de 14 ans à 18 ans, il a même fait parti de l’équipe de France à parcourir les quatre coins du pays pour des concours. Les vers de terre, l’aspect gluant des poissons, aucun problème pour lui ! Et, c’est avec un regard amusé et un peu moqueur qu’il m’apprend que l’amorce que j’avais tenu dans mes mains, à peine une semaine auparavant lors de ma première initiation à la pêche, et dont j’avais trouvé l’odeur particulièrement agréable (et à deux doigts d’y goûter), n’était autre qu’une composition probablement à base de fiente de pigeon. Ville : 1 ; campagne : 0.